Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

retour à la page d'accueil du blog

 

J'aime beaucoup ce genre poétique très codé qui vient du Japon (3 vers de 5/7/5 pieds)

C'est aussi un poème que l'on invente et rythme en marchant (le plus fameux et le plus anciens des "inventeurs" du haïku, le moine Basho, était un grand marcheur !)

 

Cette page retranscrit l'ensemble des haïkus que j'ai écrits, et retravaillés

C'est ainsi, en effet,  que je conçois cette forme poétique qui, pour moi, n'est jamais vraiment achevée, qui changera peut être encore au gré de mes humeurs, et que donc, je ne fige pas dans sa forme définitive

 

Le haïku exprime presque toujours une vision saisonnière et fait donc référence à un état de la nature

J'ai écrit aussi quelques haïkus plus intimes, sans indication de saison (moki) que j'ai intitulés "de tous les temps"

 


 

Printemps

primevères de Mars
jaune vert de soleil pâle
près des fougères grises


pas de mot qui soit
plus profondément le rouge
que la fleur elle-même


point inaccessible
voir l'espace du nuage
devenir en pluie


croupes d'aubépine
taille-douce au vent marin
miel blanc de printemps


le soleil de mars
a fait éclater le rouge
dans le camélia

 
regard blanc de lune
oblique dans la fenêtre
neige de printemps


assoiffé d'orage
il s'ouvre à la pluie de mai
le bleu de l'iris


la lune de mai
tremble à la croisée du rêve
oeil blanc dans un puits
 

Eté
 

densité abstraite
insoucieux les goélands
planent à l'air libre


sous le tablier
l'envers du pont joint le fleuve
illusion parfaite


tournoi d'hirondelles
cisailles anatomiques
questionnant l'air bleu


aurore brumeuse
le babil des oiseaux seuls
picote le jour


au temps radieux
le bleu mauve de mon âme
autour de ton corps

 

Automne


La tortue fuira
l'aquilon des saisons froides
vers un trou profond


Sillage de terre
La nuit happe un ver luisant
fête de la mort


posé sur la langue
l’écho jaune mirabelle
au bout de l'automne


La gifle du vent
sur la joue grêle d'épingles
plie devant la digue


Les ronces fertiles
ferment le chemin du bois
enfin la clairière


particules brunes
dans l'eau noire et circonflexe
risée sur l'étang


novembre en bataille
vent de feuilles et de pluie noire
le jardin s'emporte


fuyant le nuage
arrache un lambeau de lune
au masque du soir


Novembre s'enfonce
avec ce peu de lumière
volé aux étoiles


le monde en grisaille
défait le poids d’une rose
sur sa joue mouillée


Prairies inondées
fumée bleue sur le talus
vient le soir piquant

 

Hiver


La ligne brisée
par les sursauts du vivant
vers la fin se courbe


Copeau de lumière
mince lune des frimas
Orion monte au ciel


chaos de branchages
garenne au sortir d'hiver
odeur de bois frais


flaques sur la route
le rêve se met en marche
au-delà des pas


quand le feu palpite
tant de mots ne disent pas
que taire est lumière


dessins d'arbres nus
effleurés par le vent gris
Février déjà


une pluie soudaine
glisse sur le cil du temps
mon chagrin d'hiver


la rosée d'étoiles
chasse le glas des froidures
odeur de jacinthe


l’œil effaré cadre
et vide, et ronge et verrouille
la porte du soir


le vent claque blanc
au carré froid des fenêtres
à seule fin de quoi ?


la jacinthe bleue
pour voler la peau du ciel
a fané la pluie


ciel vaste et doré
fine encre des arbres froids
noires cicatrices


sous le vent du nord
courbé le camélia blanc
neige horizontale


Sirius, Betelgeuse,
posés sur la branche nue
dans la nuit d’hiver


Contre le temps noir
l'astre fervent de ton corps
tremble sous ma bouche
 

Orion en cavale
déchire la toison du ciel
flèche de janvier

 

De tous les temps


le nom de Basho
simple demeure en tout temps
près du bananier


pourquoi sont les gens
aussi nombreux dans la tête
signaux électriques


L’œil irisé ment
gâté d'amères images
le noir dit le vrai


en croissant la lune
épouse l'ardeur de nos corps
vers la plénitude


côtoyant le vide
l'impuissant qui fait le mort
croit cacher sa peur
 

sur tes yeux soudain
se révéle la pénombre
d'un soleil caché


Flamme du briquet
la bouche ouverte se livre
qui dira la nuit


étoile du rire
porté sur ta voix lointaine
au fil de l’air dru

 
habit de poussière
la muraille au corps cassé
tente un pas de danse
 

là, demain, jamais
les mots tombent en désaccord
du temps pointillé

 
haïku de nuit
au matin j’ai oublié
la mélancolie
 

je suis livre ouvert
assignée à bout portant
sans réserve aucune

 
sans bruit sans remords
à neuf heures et huit minutes
j'ai lâché le monde

 

Partager cette page

Repères

  • : ANISARA
  • ANISARA
  • : Chroniques, poésies, photos, créations pour illustrer mes voyages, mes rencontres avec les humains solidaires, avec l'Art et les cultures, ici et partout ailleurs. Livres parus à ce jour : "lettres d'Anisara aux enfants du Togo" (Harmattan), "Villes d'Afrique" et "Voyager entre les lignes" (Ed. Le Chien du Vent)
  • Contact

Rechercher

Catégories