au jardin ce matin sur le chemin d'une autre année, un pois de senteur échappé de l'été capricieux, un camélia rabougri qui peine à annoncer des printemps sans couleurs
croisement aléatoire en demi teinte dans le regard louchant sur nos avenirs
je n'ai que faire de ces voeux soucieux et tendres qui rendraient les humains fréquentables, je ne dis pas que je les refuse: je ne sais qu'en faire, ou ne sais plus en faire ...
le grave serait de se replier frileusement au vu des douleurs certaines qui attaqueront en piqué malgré nos voeux en guirlande, ou d'ouvrir le parapluie en espérant que la foudre tombe sur le voisin
comme les fleurs perdues nous sommes d'une autre saison, et pourtant subsistons, résistons, continuons à brailler nos mots de rage et nos questions en crachats de terreur, à clamer nos envies de beauté contre toute arrogance
alors, ne soyons pas modestes !
dépassons la logique des saisons, ouvrons la perspective des impossibles qui n'ont aucune chance d'arriver mais que deux fleurs déboussolées rendraient imaginables
comme on dit : trop c'est trop
trop de bombes sur Gaza, trop d'autosatisfaction, de mépris, trop de cris ravalés, trop de comptes numérotés, trop de malheur, d'aveuglement et d'injustice
la crise de foie qui parait-il n'existe pas hausse pourtant le coeur de celui dont on voudrait qu'il n'existe pas
... et si l'on se donnait aujourd'hui
la colère habitée, la voix haute, les hommes debout, les ombres qui sortent de la nuit, les amours solaires et les vérités en étrennes
enfin presque...