par la douceur noire de sa mère et par le claquement du fouet, Marrakech se dédouble en ses ruelles durcies de soleil enserrant la prodigalité de ses jardins
la ville asséchée nourrit tant de fontaines
la ville murée enlace tant de langueurs
la ville ferrée se soulève en ondes magnétiques où la volupté se pare de tant d'épines
de places en places le frais de l'ombre dissout un brouillon de lumières affolées, un berceau de torpeur assoiffée où la chaleur n'atteint jamais l'arête des maisons qui poussent dos à dos.
de pas en pas carrés sur les marelles d'azur, de souffles en souffles, de murmures en appels, on cueille éperdument le tressage des couleurs en cherchant son chemin
le voile du jour enfin se plie sous des parfums de laine, les enfants s'y accrochent avec le rire d'un rien qui se perd, se retrouve, s'échappe et revient s'arrimer aux dentelles des portes
le crépuscule déroule de terrasses en terrasses un miroir de montagnes où l'on voit trembler la ville neuve, adossée aux palmeraies, couvant le souvenir d'un oued, scellant de son battement les lèvres du désert