Bus de nuit vers la Scandinavie, il y a quelques années, lueurs nocturnes et briques alignées. C'est Hambourg, vite traversée. Pour retrouver un jour les canaux glauques, le port immense, l'attirance du lointain.
Car les villes ne parlent pas, elles appellent. Leur débit de sirène est calibré par le grincement des grues et l'espace contraint du béton. Mais il y a toujours une eau qui sommeille, ou rutile. Un fleuve. Chemin d'où la ville s'élance sans compter, sans briser aux méandres arrondis les lignes cadencées de ses architectures, ou les couleurs arrogantes de ses murs vivants.
Dire : oui, je viens. Quartier de Sankt Pauli où caquettent les bordels, immeubles du vieux commerce qui musent en silence, audaces des vaisseaux de pierre, pyramides, pointes acérées des clochers agonisants, tous embarqués vers les eaux froides.
La ville n'est pas la nature, dit-on. Elle avale nos questions, nos rudesses, nos violences. Elle nous ressemble alors, bien plus que nous croyons. Voilà notre Nature. Notre paradoxale volonté.
Hambourg : elle a quelque chose de moi, qui n'aime pas la mer, et ne sait me passer de son exigence.